by Thierry
J’ai été violé le 30 juillet 1984. J’avais 10 ans. Et je me souviens de tout.
Je suis un homme de 40 ans maintenant et 30 années en arrière sont comme si c’était arrivé sur une autre planète, dans un autre espace-temps sauf que je ne peux pas me mentir : c’est à moi que c’est arrivé et je vis avec cette marque depuis.
On associe quasi toujours le viol avec la violence physique, l’écrasement par la lourdeur du corps plus fort. C’est la plupart du temps vrai, mais il y a d’autres moyens pour certains prédateurs d’arriver à leurs fins : la séduction déviée de l’enfant, en sachant qu’il voudra faire confiance à cet adulte si gentil quand on est si seul dans cette colonie de vacances où on ne voulait pas aller et où on a pas de copains. Timide, gauche, introverti, j’étais l’élément vulnérable du troupeau et certaines personnes détectent immédiatement les failles qui leur permettront de faire croire qu’il y a une amitié spéciale, un lien que l’enfant ne peut comprendre que de bonne foi. Jusqu’à ce qu’un soir le piège se referme.
Ce soir où il est venu dans le dortoir et m’a réveillé en me disant de venir avec lui et de ne pas faire de bruit, il avait « quelque chose à me montrer ». Des fragments à la fois souvenirs et impressions, sa chambre de moniteur, la pièce seulement éclairée par les volets ouverts, et son lit sur lequel il m’a demandé de s’asseoir à côté de lui.
Des bribes. Des impressions. Des souvenirs distants que je veux chasser de toutes mes forces et qui me sont toujours revenus. Je sais qu’au fond de ma mémoire je me souviens de tout d’absolument tout avec une précision hideuse et je décide que je n’ai pas besoin de tout recommencer à parcourir, ni de tout raconter.
Il m’a embrassé et j’ai gardé les yeux grands ouverts pendant qu’il mettait sa langue dans ma bouche. Il a 25 ans, j’en ai 10 et je ne comprends pas ce qui se passe, je suis pétrifié et une partie de moi est déjà partie, partie le plus loin possible de cet endroit et de ses lèvres sur les miennes et sans que ça m’apparaisse clairement dans ma tête, à ce moment j’ai déjà décidé d’oublier ce qui va suivre et ce qu’il va me faire. Scotomisation. Et quand je reviens à mon lit et qu’il me dit « n’en parles à personne » j’ai déjà tout occulté, tout effacé. Le souvenir n’existe plus. Et moi non plus, je n’existe plus.
Je ne l’ai jamais revu après. Il s’était assouvi et je ne lui servais plus à rien, je ne me souvenais de rien alors je n’ai parlé à personne.
J’ai 10 ans et je suis dans mon lit les yeux grands ouverts et je n’arrive pas à dormir. J’ai 40 ans et je me souviens de tout.
J’ai 12 ans et je n’ai aucun ami, je ne parle à personne et mes résultats scolaires sont en chute libre.
J’ai 17 ans et je fugue.
J’ai 18 ans et un homme en kaki me hurle de courir plus vite.
J’ai 19 ans et je ne trouve pas le sommeil dans un refuge de SDF à Bordeaux.
J’ai 23 ans et je lis des livres de psycho pour essayer de comprendre des choses que j’ai oubliées.
J’ai 25 ans et je me réveille en hurlant parce que j’ai fait encore un rêve, le même, celui où je vois une pièce éclairée par des volets ouverts et je ne me souviens plus de la suite de ce rêve.
J’ai 27 ans et je bois trop. Vraiment trop.
J’ai 28 ans et je me décide à entamer une psychothérapie. Elle durera 11 ans.
J’ai 36 ans et le monde explose, tout me reviens d’un coup. Je me souviens.
J’ai 10 ans et un homme m’a abusé sexuellement. J’ai 40 ans et je peux enfin poser ça en dehors de moi.
30 années à me taire. 30 années à m’en vouloir de quelque chose dont je n’étais pas coupable et me sentir comme avoir été avalé mâché et recraché dans un monde où il n y a plus ni innocence ni confiance ni normalité. Le viol est une bombe sale qui anéantit tout quand elle explose et contamine ensuite pendant des décennies. Tout est devenu empoisonné. Le corps recèle la mémoire de cette violence et il devient un ennemi.
Pourquoi fait-on ça ?
Violer ?
Cette question, ce pourquoi, m’a hanté longtemps alors qu’il trouve sa réponse dans la même simplicité brutale de tous les comportements de domination depuis l’aube de l’humanité : pourquoi ? Parce qu’ils le peuvent. Parce qu’ils en ont le pouvoir et le sexe ici est secondaire, il ne s’agit que de pouvoir. Que d’exercer son pouvoir sur plus faible que soi et de jouir d’abord de l’écrasement par ce pouvoir. Pouvoir qui devient encore plus absolu quand la victime se tait et souvent elle se tait. Double peine : la violence, et ne pas oser la dire, ne pas savoir la dire, ni à qui ni comment.
Combien de fois j’ai lu, entendu, des témoignages cruels et bouleversants, qui remuaient tout et je voulais dire, je voulais crier :
Moi aussi.
Moi aussi ça m’est arrivé.
Ecoutez-moi.
S’il vous plait.
Ecoutez-moi.
Et je me suis tu. En ayant honte de me taire. La culpabilité de quelque chose qu’on n’a pas commis, et la honte de ne pas oser le dire.
Le piège se referme. Invisible.
Alors il faut vivre et faire les choses ordinaires, travailler, payer un loyer, avoir des collègues et même, à la limite, mener une vie « normale »…presque normale.
Une vie normale et déchirée, incompréhensibles ruptures, amoureuses, professionnelles, amicales. Quand la façade craque et qu’un affectif chaotique et violent déborde sans prévenir et provoque la stupeur et le malaise autour.
Sortir de séance de psy en tremblant, avec l’envie d’écraser des visages à coups de poing ou désespéré de voir l’ampleur du boulot à accomplir en me disant que c’est trop long trop dur et que je n’y arriverai jamais.
Revenir à la séance d’après, et recommencer. Pendant 11 ans.
Un travail sur la tête et donc sur le corps, un corps qui a été abusé et qui encombre avec la lancinante question du qui suis-je ? Quel homme suis-je ? Qui est « moi » ? C’est retrouver son corps, pas l’objet de rejet ni un autre fantasmé comme plus dur et plus fort : le sien. Le comprendre, et donc arrêter de le mortifier. Ce qui prend aussi du temps mais refermer cette plaie prend du temps. Beaucoup de temps.
Tenir avec une seule certitude : si je ne fais rien, si je n’agis pas, cette souffrance va me tuer. D’une façon ou d’une autre, mais je ne pourrai pas y survivre. Et l’idée, cette seule idée que je vaux mieux que ça, mieux que cette souffrance, mieux que ce que j’ai vécu.
Il n y a pas d’un côté des « forts » qui s’en sortent et des « faibles » qui croupiraient dans leur incapacité. Rien que se lever le matin et affronter le monde est une force et celle-là tout le monde en dispose, l’a au moins en potentiel. Il n y a pas de faibles, il n y a que des personnes qui ne savent pas utiliser leur force, à qui on n’a pas appris, ou qui ne savent plus. Apprendre à l’utiliser, réapprendre parfois est un travail gigantesque, ingrat souvent. Et long. Et absolument nécessaire.
Réapprendre la joie et la légèreté aussi, à comprendre qu’on n’a pas à s’infliger une mise à l’épreuve perpétuelle pour avoir le droit de vivre. Qu’on peut juste, vivre. Et que rien que ça, rien que ça, est déjà une victoire. En soi.
En écrivant ces lignes je sais ce que je risque. Je sais écrire, sur un blog j’ai écrit des milliers de billets, mais là c’est évidemment différent. Je donne à voir quelque chose du plus intime et du plus choquant, je livre ma part la plus sombre, et j’espère aussi la plus lumineuse. Je sais que les regards, vos regards, vont changer sur moi. Que je vous connaisse depuis des années ou que vous soyez des inconnus, vous me regardez maintenant comme : celui qui a été enfant violé et qui en a parlé. Et c’est ce que je suis, c’est vrai.
Ne suis-je, ne serai-je, que ça ? Pour vous ?
Tout ce que est moi sera-t-il réductible à rien que cela en mettant de côté tout ce qui me constitue, défauts comme qualités, humeurs et convictions, doutes et éclats de rire ? J’espère que non. J’ai envie que non. Et si j’écris tout ça, si je parle c’est justement pour dire enfin, après toutes ces années de silence : j’ai été cet enfant et ce qu’il a vécu. Je vis avec, et je travaille, tous les jours, à le dépasser. Et je suis plus que ça, bien plus, parce que justement j’y ai survécu et qu’il est hors de question que ma vie s’arrête et sois restée dans une chambre une nuit de 1984. Je vaux mieux que ça. Et toutes les personnes qui ont subi la même chose valent mieux que ça.
Et si je parle maintenant, c’est pour poser ça hors de moi une bonne fois pour toutes, oui, et aussi parce que j’ai l’espoir qu’un autre, qu’une autre, qui est dans ce même silence puisse se dire : il est arrivé à en parler. Je peux le faire aussi.
Pour casser aussi ce stigmate du garçon abusé qui mécaniquement deviendrait abuseur. Cette fausse logique absurde, sans aucun fondement sinon l’exemple d’une minorité d’individus non représentatifs est une monstruosité qui condamne des hommes au silence et à la peur du rejet. Il faut l’affirmer : il n y a pas de malédiction, on ne devient pas comme son bourreau. Ce stéréotype est une machine à broyer des vies déjà blessées, en finir avec lui sera déjà un immense progrès.
Et tous ces gens qui sont révulsés dès qu’ils entendent ou voient « pédophilie » quelque part. « Peine de mort !!! ». Vous détestez ces gens, dites-vous. Et vous avez sans doute raison, de les détester.
Pensez-vous les détester plus que moi ?
Mon violeur, jamais vous ne le haïrez autant que moi. J’en suis certain. Et pour autant le condamner à mort ne m’apporterait rien. Ne réparerait rien. Ne me redonnerait rien de ce qu’il m’a pris. Ca éviterait qu’ils recommencent ? Ce qui l’évitera surtout c’est de prévenir, de détecter et de soigner les abuseurs potentiels le plus tôt, pour qu’ils ne commencent pas. C’est un travail de santé publique et si il faut punir ceux qui ont agi, qui sont passés à l’acte, le mieux est qu’une société se donne les moyens pour que précisément : ces gens ne passent pas à l’acte.
Voilà. Je crois que j’ai dit tout ce que j’avais à dire. C’est la fin de ma confession et la fin d’années de silence. Et le début à présent d’autre chose, d’une vie avec une blessure refermée, enfin. C’est le matin au moment où j’écris ces lignes, le soleil se lève, la journée promet d’être belle. Je me sens ému, évidemment, comme vidé et en même temps soulagé au plus profond.
Apaisé.
Est-ce qu’on pose un jour le mot « fin » sur ce qui est arrivé ? Est-ce que ça finit un jour, pour de bon ? J’aimerais pouvoir apporter une réponse à cette question, je ne l’ai pas. Je fais comme tout le monde, j’avance avec mes doutes et mes espoirs.
Un espoir, surtout. Que tout ça n’a pas été en vain. Que me battre aura servi à quelque chose, d’abord pour moi et maintenant pour d’autres. Espérer surtout que même si on a été marqué, même si la cicatrice restera, on peut vivre avec et en sortir plus grand, plus humain, plus fragile aussi et en même temps plus fort.
Espérer qu’à la fin de l’horreur, il y a une Grâce.
Moi en tout cas, je veux y croire.
J’ai évidemment hésité à ouvrir les commentaires. Je me livre ici comme jamais je ne l’ai fait.
Je suis du coup bien plus exposé que sur CSP.
Ensuite, c’est justement pour briser un silence que j’ai écrit ce texte. Si cette démarche peut initier un dialogue sur le sujet, extrêmement sensible, des violences sexuelles, et particulièrement pédocriminelles, ce sera une bonne chose. Toutefois, je serai extrêmement rigoureux sur la bonne tenue des échanges, pour des raisons aisément compréhensibles.
C’est à vous
Bonjour Thierry,
Il est difficile d’exprimer à quel point ton texte me touche, fait écho en moi.
J’en ai les larmes aux yeux.
C’est beau, c’est bien écrit, c’est juste, c’est courageux, c’est bouleversant.
Tu me donnes à réfléchir, tu me donnes envie d’écrire.
Merci
Merci de ta lettre lumineuse qui a déchiré le silence et fait écho à tant de souffrances. Ce vol d’innocence ( à 7 ans ) et comme toi , la parole retrouvée tardivement , très tardivement , en 2008 quand je voulais protéger ma fille car j’étais terrifiée que cette victime honteuse du passé (dont j’avais mal terré le traumatisme) ressurgisse et fasse du mal comme le mal qu’on m’avait fait , volant ainsi mon enfance « sous couvert » de me faire du bien!
NON , je n’ai jamais été , ne le suis pas et ne serai jamais un bourreau.
Je dois seulement aimer mes enfants en essayant de faire la paix avec l’enfant en souffrance en moi qui hurle sa colère , qui pense que le monde est injuste et que personne ne l’a compris , NI entendu.
devenir un sujet aimant et ne plus être qu’un objet utilisé.
Redécouvrir de l’amour propre , aimer ce monde qui a enfanté des monstres qui agressent et abusent des enfants sans défense.
et je fais bien d’aimer ce monde car des enfants meurtris comme nous deviennent des adultes qui décidons d’agir , de guérir.
Ta lettre m’a bouleversé , mon cœur palpitait , ma douleur avait un écho.
Je me suis sentie beaucoup moins seule , du moins pas la seule à éprouver cette oppression dans laquelle nous avons été enfermée , calfeutrée.
Je me suis sentie libérée d’un poids écrasant , libérée de l’horreur subie.
ce SOIR , j’ai pu faire à mon fils de 3 ans un massage du dos , car , moi , j’en ai moins le dos et beaucoup moins sur les épaules grâce et par la grâce de ton témoignage qui nous montre que nous pouvons être aimants et ne plus avoir peur de nous-même , ce n’est pas nous , les monstres , mais nous avons subi une chose monstrueuse.
je VEUX être câline , aimante , maître de moi-même.
Nous avons le devoir et le droit de nous réapproprier notre corps et notre personne.
merci de la grâce de ton écriture et de la lumière qui en irradie
merci , merci
Barbara
Je ne trouve pas les mots pour décrire ce que je ressent à la lecture de ce témoignage à part dire que c’est très courageux de parler.
Longue route à vous,
Bien cordialement,
Ervé
Les mots me manquent…c’est bouleversant.
J’ai moi même eu la chance d’échapper une fois à un viol, c’était à deux doigts.
En espérant que tu trouves la grâce que tu recherches depuis tant d’années. Tu ne peux en tout cas que progresser sans arrêt et t’illuminer davantage au fil des années.
Bravo Thierry.
Plein de bonnes choses.
Je me demandais si tu garderais ou si tu partagerais tout cela. Je sais qu’il vaut mieux évacuer la merde, et je ne parle pas que de chiottes, mais je m’en serais voulu de te filer le moindre conseil sur cette question.
Briser le silence, c’est une foutue décision que l’on prend tout seul et que l’on assume de même.
Mais je pense sincèrement que c’est une étape importante, nécessaire. Qui ne te fragilise pas. Tu sais quoi faire avec les conards qui finiront bien par pointer le bout de leur nez.
Comme le racontait très bien ce film canadien, ceci est le premier jour du reste de ta vie.
J’espère continuer à en faire partie, même de loin en loin.
Bises, vieux frère.
Tu sais que tu n’es pas seul, en fait.
tu as su exprimer longtemps avec une rage talentueuse la colère que t’inspirait la domination politique, une autre domination, le champs d’à côté. avec ton style, ton intelligence sûre d’elle-même et la sincérité dont tu es capable aujourd’hui, tu pourrais faire une oeuvre. quelque chose d’essentiel comme ce que tu as écrit là, de plus structuré et structurant, qui fasse sens pour toi donc pour les autres. un livre en somme.
Juste un petit mot pour te dire que tu es extrêmement courageux de te livrer comme ça. J’espère que ça t’aide à avancer.
Ce genre de chose ne doit pas arriver, mais malheureusement se produit bien trop souvent.
Grace à toi des mots sont mis sur ce qu’on peu ressentir au fond de soi, au delà de l’acte, tous les « à côtés » qui font qu’un viol détruit la vie et ronge de l’intérieur.
Ta phrase résume tout : « Tout ce que est moi sera-t-il réductible à rien que cela en mettant de côté tout ce qui me constitue, défauts comme qualités, humeurs et convictions, doutes et éclats de rire ? ». En parler, c’est prendre le risque d’être réduit au rang de victime. Dans ce cas, comment faire pour surmonter ? Cette peur devient vite insurmontable…
Alors un conseil à tous les jeunes et moins jeunes qui passeraient par la : Parlez, c’est le seul moyens que cela cesse et que vous cessiez de vous détruire.
Un jour je parlerais, quand j’en aurais le courage, peut être dans 30 ans comme toi.
Bonne continuation. Merci pour ton témoignage si touchant. Un souffle d’optimisme!
Simplement, merci.
Tu ne me connais pas, je ne connais que tes écrits et aujourd’hui tu m’as bouleversé. Juste te dire maladroitement que tu confirmes être une belle personne. Je te souhaite le meilleur.
Ce ne sera pas vain.
Coucou c’est moi,
j’avais du mal à décrocher le téléphone, j’avoue.
Même si je savais déjà, tu sais au fond que ce n’est pas pareil.
J’aimerais tellement remonter le temps, attraper ce petit bonhomme par la main ce soir là et le border dans son lit.
Je ne dirais jamais assez combien je regrette de ne pas être là maintenant pour te serrer très fort dans mes bras.
Je veux aussi que tout le monde sache que tu es quelqu’un d’admirable, de fort, de courageux, de sensible et censé.
Et que tu n’es pas que le petit garçon qui a été violé à 10 ans.
J’admire ton parcours, ta personne, ce que tu as fait de tout ça.
Je sais que pour des tas de gens ce texte fera écho, qu’il aidera.
Mais la première personne qu’il aidera c’est toi.
Je suis fière de toi.
Je te remercie pour ce beau texte qui fait écho à mes propres drames.
Chacun trouve des modes plus ou moins efficaces pour continuer à vivre.
Finalement, trouver une certaine forme d’acceptation permet de poser des mots, de mieux se connaître et d’enfin dépasser tout ça (continuer à grandir là où ça s’est arrêté ?).
J’ai trouvé aussi une certaine forme de pardon. Je me sens depuis peu, bien plus qu’apaisée, en état de Grâce. D’ailleurs, j’ai recommencé à grandir et je peux même vieillir
Merci encore et bonne route.
Une partie de cette grâce est dans ton écriture. Une extrême pudeur. Et l’écho du silence. Je t’embrasse. Fort.
Merci pour ton toi enfant, ado, adulte d’avoir eu le courage de chercher, de trouver et de partager.
Je t’envoie plein de paix.
Bises <3
Salut Thierry,
Je n’ai pas grand chose d’exceptionnel à te dire, hormis que je te souhaite tout le meilleur, et que j’admire ta force et ta droiture.
Amitiés.
Laurent
Merci.
Ce texte révèle la dignité d’un être humain. Merci Thierry.
Pour vous rassurer Thierry, non, on ne voit pas que ça. J’ai une mère, des tantes, des amies à qui c’est arrivé. Je le sais. Je ne vois pas « violée » au milieu de leur front quand je leur parle. Mais si je croisais leur violeur dans une ruelle sombre, la police aurait du mal à identifier le corps.
Bravo pour avoir sorti de tes tripes cette rage et de nous la retransmettre simplement, pudiquement, cela rend le message d’autant plus fort. Tu dois te sentir mieux, j’espère, et tu te dois de te sentir bien.
Avec toute mon affection.
Le but de poster ce lien n’est pas de faire de la pub, mais je ne saurais réagir à ta confession autrement qu’en te livrant la mienne, parce que c’est fort ce que tu donnes et que je me sentirais bien mal de le prendre sans donner autant – ou presque, à mon niveau quoi – en retour. Bonne route…
( http://ick.li/VeLJYg )
« Alors il faut vivre et faire les choses ordinaires, travailler, payer un loyer, avoir des collègues et même, à la limite, mener une vie « normale »…presque normale. »
C’est ça, c’est tellement ça, et c’est tellement difficile à faire.
Merci pour ces mots qui me parlent énormément.
Et bravo pour votre parcours .
C’est un très beau texte, je dois l’admettre.
Et ce n’est pas moi que tu verras venir remettre en cause ton témoignage, venir t’agresser ou quoi que ce soit.
Et ce, quoi que j’ai à penser de tout ce que tu as pu écrire sur les internets et sur twitter.
Parce que pour avoir vécu la même chose, je sais l’importance de témoigner.
Moi c’était en 2001 et j’avais 13 ans. Les autres aussi avaient cet âge là.
Bon courage pour la suite.
Que dire qui ne soit vain devant pareille épreuve ? Sinon, comme l’écrivait à l’instant Ronald, « total respect’. Je pense que tu as bien fait de sortir tout cela de toi, de t’en laver par l’écriture, bien que les traces demeurent, c’est un poids d’ombre en moins que de le sortir à la lumière. C’est en effet refuser une culpabilité qui ne doit pas être la tienne. Beau travail sur soi. Bravo le psy. Quel con a dit que cela ne servait à rien ? J’en sait quelque chose… moi qui n’ai pas ton courage… Tout mon soutien.
Bonjour,
Je suis arrivée ici en cliquant sur un lien sur twitter et je n’ai compris qu’à la fin, en voyant votre pseudo, que c’est à vous que c’était arrivé. Je ne vous connais qu’à travers vos tweets et je ne sais vraiment pas quoi vous dire alors je me contenterai de vous faire un bisou. C’est un peu naze donc, pour augmenter son pouvoir, je précise que je suis une bretonne parisienne, je crois savoir que vous aimez bien ça.
Merci, merci beaucoup.
« Cette question, ce pourquoi, m’a hanté longtemps alors qu’il trouve sa réponse dans la même simplicité brutale de tous les comportements de domination depuis l’aube de l’humanité : pourquoi ? Parce qu’ils le peuvent. Parce qu’ils en ont le pouvoir et le sexe ici est secondaire, il ne s’agit que de pouvoir. Que d’exercer son pouvoir sur plus faible que soi et de jouir d’abord de l’écrasement par ce pouvoir. Pouvoir qui devient encore plus absolu quand la victime se tait et souvent elle se tait. Double peine : la violence, et ne pas oser la dire, ne pas savoir la dire, ni à qui ni comment. »
Et celle de perdre sa famille lorsque l’on parle.. Et celle de ne pas être entendue. Et celle de l’ignorance ou des récupérations.. Et celle d’être différent.e, celle du sentiment de n’être jamais à sa place, celle d’être abusé.e, encore et toujours, celle d’avoir toujours peur, ou d etre naif.ve et de se faire bouffer, celle du rejet et de la solitude, de ne jamais savoir quoi penser, au fond.. Et demander toujours pardon .. Celle d’ exister sans pouvoir vivre comme on aimerait, même en luttant pour. Et de s’en vouloir de ce manque de courage. De ses incapacités à faire du lien qui tient. De sa peur du lien. De la peur du rejet. De ce que ça fait mal. Celle d’ être exténué.e par moments par toute l’énergie dépensée à essayer de tenir, malgré tout.. Et espérer pouvoir tourner la page..
Mais il y a, c’est vrai, Merci Thierry de le rappeler, autre chose. La vie en dessous. Comme une nappe souterraine qui voudrait jaillir et y parvient parfois..
J’ai 48 ans aujourd’hui et j’avais pas 4 ans quand j’ai été agressée sexuellement la première fois.. Je m’en souviens très bien. Je me souviens de tout et de toutes ces années.
« Est-ce qu’on pose un jour le mot « fin » sur ce qui est arrivé ? Est-ce que ça finit un jour, pour de bon ? J’aimerais pouvoir apporter une réponse à cette question, je ne l’ai pas. Je fais comme tout le monde, j’avance avec mes doutes et mes espoirs.
Un espoir, surtout. Que tout ça n’a pas été en vain. Que me battre aura servi à quelque chose, d’abord pour moi et maintenant pour d’autres. Espérer surtout que même si on a été marqué, même si la cicatrice restera, on peut vivre avec et en sortir plus grand, plus humain, plus fragile aussi et en même temps plus fort. »
Merci pour ce texte Thierry.. Pour tout ce que tu as écris .. La vie continue..
Je t’embrasse fort si tu me le permets
<3
Catherine.
Bon courage pour la suite. J’imagine qu’il fallait que ce soit écrit.
ça fait toujours du bien de chercher et trouver les mots pour le dire et bien sur d’oser le dire.. j’ai 60 ans et je vous confirme que l’étiquette qui vous gratte méchamment le dos va finir par tomber d’elle même à présent. Personne n’est jamais longtemps responsable de ce qu’il n’a pas fait dans sa vie et à 40 ans les temps sont mûrs pour le comprendre. Quoi que certaines personnes s’obstinent à vivre durant toute leur vie dans le déni, pour leur plus grand malheur. Félicitation jeune homme pour ce douloureux éclair de lucidité et le bel exemple de partage dont vous faites preuve. Vous ne pouvez espérer à présent tout le meilleur a venir possible.. Ann-Clem
merci pour cette page. Toutes celles et ceux qui ont été abusés sexuellement étant enfant, se retrouvent dans vos mots. La pédocriminalité est très répandue, et la société ferme les yeux , ne punit pas les coupables et laisse les victimes sans aucune assistance.
Plusieurs choses me viennent dans le désordre.
C’est toujours délicat de s’exprimer et de pas vouloir tomber dans la redondance creuse.
Évidemment, je te transmet comme tous ceux ici et ailleurs tout mon soutiens et mon respect.
Ton témoignage me fais réfléchir sur la question de la violence, de facon globale.
Le viol étant peut etre une des pire en ce qu’elle combine souvent plusieurs formes de violence.
Durant une vie ont subit tous plus ou moins des violences, +/- importantes et grave, l’enfance est très propice a ca malheureusement et c’est aussi celle qui marque le plus avec laquelle on doit se débrouiller pour se construire et comme tu dis arriver a en sortir finalement plus fort, solide et a la foi plus sensible et, je ne sais… attentif, attentionné, doux..?
Arriver a trouver un équilibre avec tout ca dans le flux de la vie courante avec les difficultés, les joies et les peines.
Ici comme sur d’autres plans il y a vraiment besoin de faire évoluer cette société pour réellement aider, comme il le faut, les victimes de violence quelles qu’elles soient en évitant le pathos l’apitoiement désagréable et le coté collage d’étiquette victime qui n’aide vraiment pas…, le reste tu le dis très bien en peu de mots.
Et de part ton action ici tu participe je crois indéniablement a ca en tenant des propos juste et sensé, en permettant d’aider certainement et visiblement dans les commentaires d’autres qui ont connu ca et aussi et surtout en ce qui me concerne d’assister en définitive a ce que l’humain peut a de bon et de « spontané ».(loin de l’hystérie et le cirque médiatique/public hissé au rang de norme…)
Je ne m’arrête pas sur le mauvais et les ordures, on sait tous trop bien ce qu’il en est, l’histoire nous l’a et nous le montre encore bien assez…
Quand les marques de bonté, gentillesse, sincérité réel et non juste formelles… sont elles trop rare et difficiles a perpétuer, développer dans ce système… inhumain, c’est le mot qui résume finalement très bien
On a ici des marques de solidarité humaine, simple et naturel et c’est décidément bon a voir.
En te souhaitant d’etre pour toujours en paix avec toi même.
Sur twitter on trouve tout et n’importe quoi mais en général c’est plutôt léger et puis le hasard d’un lien te mène à ce texte.
Et là… rien à ajouter.
Merci pour ce témoignage
Comme d’autres, merci …
Je rebondis sur l’idée de l’étiquette « quand les gens savent » : quand j’ai parlé de ce qui m’était arrivé, une douzaine d’années plus tard, avec une amie proche depuis l’enfance, elle a soupiré « Oui, je sais, voyons. Ca se voit ».
C’était la deuxième fois que j’en parlais et ce qui avait tant de mal à sortir était déjà connu.
Certes, l’amie en question faisait des études de psychologie, et c’était en étudiant la question des enfants abusés qu’elle avait conclu, visiblement sans l’espace d’un doute, de ce qui m’était arrivé.
« Ca se voit ».
Ah ?
C’était à la fois libérateur et terrifiant.
Terrifiant parce que je n’avais pas envie d’être marquée au point que « ça » se sache rien qu’en me connaissant.
Terrifiant parce que si elle l’avait vu et n’avait rien dit, qui d’autre ?
Toutes ses années à me sentir seule avec mon secret et des gens savaient et personne ne m’a rien dit. J’étais en colère.
Et puis libérateur parce que je n’étais plus seule avec la culpabilité de m’être tue toutes ces années. Il y avait ceux qui ont vu et se sont tus. Il y a eu ceux qui n’ont pas cherché à savoir alors que c’était possible.
Je croyais que j’avais besoin de crier alors que ça faisait longtemps que des cris s’échappaient de moi.
On croit qu’on est tout seul à tout retenir alors que ça déborde.
Peut être que c’était libérateur parce que ça me donnait une excuse à la lâcheté de continuer à garder ça en moi.
Ce que vous avez fait en écrivant ce texte, ce courage, je ne me vois pas l’avoir. Pas de manière aussi franche. Merci de l’avoir fait.
Bonjour, j’espère que cela ne vous paraîtra pas indiscret, savez-vous plus précisément ce que votre amie avait observé, qui lui avait fait parvenir à cette conclusion? Merci !
Je ne peux pas répondre précisément.
Je peux vous renvoyer à son cheminement, elle m’avait dit qu’il y avait un certain nombre d’attitudes caractéristiques chez les enfants abusés et qu’à force de lire des descriptions cela avait fait sens. J’imagine que la réponse précise se trouve dans les études sur le sujet …
J’aurais dû préciser dans mon message précédent que l’amie en question me connaissait depuis l’enfance. Je m’imagine qu’en tant qu’adulte ce n’est plus aussi flagrant.
Évacuer et avancer, parler et avancer, se souvenir et avancer…
Tu as raison, vie, tout simplement.
Bonne route à toi, être plein de lumière.
Trés émue par votre témoignage, et je confirme on peut approcher l’horreur autrement.
Et oui cela relève de la santé publique et il serait temps que notre gouvernement l’entende et mette en place des actions de prévention dés le collège….
Merci pour vous être dévoilé comme vous l’avez fait, et je suis certaine que votre témoignage va aider beaucoup de personne.
Profitez de la vie pleinement, avec votre nouveau regard
Merci pour ce texte !
Depuis des années je dis à qui veut l’entendre que traiter ces questions seulement par des discours haineux qui rejettent hors de l’humanité les pédophiles, comme il est fait en France, est inefficace en termes de prévention.
Vous connaissez peut-être le programme allemand http://www.dont-offend.org ?
Idée inconfortable, sans doute, que celle d’aider les pédophiles à ne pas devenir pédocriminels. Mais voici enfin une initiative qui vise à protéger les potentielles victimes, plutôt qu’à soulager le « bon peuple ».
pourquoi le viol ? les enfants et/ou adultes victimes de prédateurs sont hantés à vie par cette terrible question, la réponse doit être donnée par ces prédateurs.
C’est un peu double peine pour les victimes meurtris, abîmes à vie avec cette terrible question qui restera sans réponse (pour la plupart)
Merci Thierry pour ce texte puissant émouvant et bouleversant !!
On voudrait pouvoir dire « plus jamais ça » .. on voudrait avoir une gomme pour effacer l’ignominie subie .. on voudrait …
Pensées et tendresse vers toi !!!
J’ai été très émue par ce texte. Je me suis reconnue, aussi. Aujourd’hui, si je n’ai toujours pas dit à mes parents, à ma famille, que quelqu’un m’a violée le 17 juin 1994 (je n’ai pas la mémoire des dates mais celle-là c’est foutu jusqu’à ma mort, je le sais bien) c’est justement parce que je refuse d’être réduite à ça. A ce viol qui comme toi a été commis sans violence physique. Heureusement je l’ai dit à mon conjoint et mes amis le savent mais je me demande pourquoi le dire à ma famille, pourquoi leur imposer ça ? Ce n’est pas de leur faute. Ni de la mienne. Comme toi j’ai eu un parcours difficile avant de me rendre compte que mes maux venaient de là, de ce viol. Un jour, j’ai admis que ça m’était arrivé à moi. Avant je vivais dans le mensonge. Je ne voulais pas être une victime. Depuis que je sais, que j’ai appris à pardonner à l’enfoiré qui ma fait ça, je vais bien, je suis heureuse. Comme jamais je ne l’ai été. Je n’ai plus honte, je sais que ça fait partie de ma personne, que c’est à cause de ça que j’ai consulté des psys, que je suis allée loin dans l’alcool et les délires sexuels pas toujours en accord avec ce que je suis. On peut « guérir » mais oublier non. Merci encore à toi.
Oui, paradoxalement, si on n’en parle pas à ses parents, ce n’est pas vraiment par honte ou par peur, mais surtout pour ne pas leur faire de peine, pour leur éviter la culpabilité.
Texte poignant, où tous ceux qui c’est arrivé – pas forcément quand ils avaient 10 ans – se reconnaitront sans peine. <3
Bravo à toi, ton texte est beau, poignant et touchant. Il faut du courage pour le dire et une très belle générosité pour penser que cela doit aider les autres.
Il est trés courageux de faire ce que tu a fait. Il y a 10 ans, je me suis fait agresser devant tout un collège et les dégâts que cela provoque sont irréversible .On croit que que l’on a plus le droit au bonheur et il est très dur de s’en relever entièrement. J’ai réussit à en parler 8 ans aprés mais je n’ai jamais eut l’impression de m’en être remit entièrement. Ces personnes m’ont pris une part de moi. Et j’espère un jour avoir ta force pour en parler aussi librement. Ton courage est un exemple pour toutes les personnes victime d’agression et de viol ou tout autre traumatisme. Tu m’a profondément émue et j’espère que tu as une vie heureuse. Encore bravo .
Bonjour,
Comment rester insensible à un texte si poignant? Je ne le suis pas c’est pourquoi je le dis. Que dire de plus que ce qui a déjà été dit? Que je partage. Comment aider? Voilà:
Passé l’étape de l’émotion de vous avoir lu bien des questions viennent à moi.
Pardon si je manque de finesse.
La 1° à été la motivation du moniteur. Je pense que c’est important. Certains parlent de domination, j’ai des doutes.
Je ne comprends pas non plus leurs allusions à la violence.
« je ne lui servais plus à rien » pas sûr, il peux aussi avoir compris la gravité de son geste. Pardon si je me trompe.
25 ans, c’est encore un gamin, con, malade mais gamin. Rien ne serait pire que le sadisme, peut on parler de ça?
Vous parlez de failles qui à fait de vous sa cible mais que savez-vous du pourquoi vous?…
Peut être existe t’il d’autres cheminements de pensé qui conduisent à autre chose que la haine et qu’à une image de soi dégradée, je ne sais pas.
Le traumatisme est là, c’est malheureux et bien le plus grave il me semble. ça je comprends. à part relativiser (tant que faire se peux) je n’ai pas de solution à ça.
Puis j’ai repensé à ce grand acteur qui témoignait pareil et qui, bel exemple, a une belle carrière qui montre qu’il surmonte. Oui, son image à changé dans mes yeux mais ça m’a passé, c’est devenu secondaire. Et c’était surtout parce que j’ai été particulièrement choqué, c’était la 1° fois que j’entendais ça.
Pour finir, personne ne sait ce qu’aurait été votre vie sans ça. Il se peut que vous n’imaginez pas qu’elle puisse être aussi difficile malgré tout.
Vous franchirez l’étape de vous plaindre et vous faire plaindre (sans sous entendre quelconque illégitimité ou anormalité bien sûr) et vous commencerez une nouvelle vie, c’est évident.
Profitons de ce qu’elle offre de meilleur.
Tout mes voeux pour l’avenir.
ps: Vous avez mon mail. N’hésitez pas à réagir. En écrivant, comme vous, j’accepte l’idée de tout entendre (en moins courageux) et aussi l’éventuel conseil (qui sera suivi) de fermer ma gueule à l’avenir.
Mon cher Thierry… Par ce récit je découvre un maleureux point en commun. Moi aussi j’ai vécu cela… non par la violence physique, mais par la mise en confiance de l’adulte, puis du chantage affectif… Une fois devenue maman, le « victime deviendra boureau » m’a hanté. Je n’avais aucune pulsion envers mon fils mais j’avais peur. Peur de me laisser tenter malgré tout… C’est terrible ! C’est horrible ! Mais j’ai fini par me rendre compte que mes craintes tout comme ces rumeurs n’avaient aucun fondement. Une victime ne devient que ce qu’elle désire devenir. Se reconstruire prend plus ou moins de temps aussi selon chacun. Essayer de comprendre pourquoi ? Pourquoi moi ? Il n’y a pas de réponse. Ou du moins si ! Seulement d’être au mauvais endroit au mauvais moment… avoir une belle petite gueule… aussi…
Tout ça pour te dire mon cher ami que je t’aime d’amitié et que tu auras toujours mon soutien. Kisses
The ladies Match Flop Snugger boot isn’t well known yet, seeing that is was recently launched,louis vuitton clearance sale, however the FitFlop is. Recognized within the fitness and well-being business as being a useful gizmo for weight loss,louis vuitton clearance, this brand name has become extremely popular in the last few years. The Snugger is definitely an extension of the well-liked product and is a superb solution for wholesome weight reduction this winter. Exactly why this brand is so we
C’est du bonheur de lire votre site
Stay tuned for more for More on Phoenix Windshield Scams We will be posting a part 2 to the present article, where we will show you most of the typical ways scammers approach drivers in an attempt to make money off your auto insurance policy, and subsequently, from the increase in your own premiums..
I am in fact happy to read this blog posts which carries tons of valuable data, thanks for providing these data.
The meeting with a boss, however, takes a lot of bandwidth. You have to come up with a whole new ad campaign. You then race to the lunch, now at midbandwidth and with even less creative and analytical skills. pickup and are worried that you won’t get back to the office in time and that you might forget the tutu for your daughter. « It’s all doable, I have the time planned, » you think, driving your kids first to ballet, then to hockey, then to pottery. Only to find the tutu in your backseat once you pull into the driveway.
I think that what you posted was actually very logical. However, consider this, suppose you weee to write a awesome headline?
I mean, I don’twant to tell you how to run your website, but suppose yyou added a pot title to maybe grab a person’s
attention? I mean GRÂCE is a little vanilla. You couild look at Yahoo’s front page and note how they write post headlines to grab people to
open the links. You might aadd a related video or a pic or two to get readers interested abouit everything’ve got
to say. In my opinion, it would brung your website
a little livelier.
We stumbled over here by a different website and thought I might check things out.
I like what I see so now i’m following you. Look forward
to looking at your web page repeatedly.
It’s an amazing paragraph for all the online users;
the will ttake benefit from it I am sure.
This is really attention-grabbing, You are an excessively skilled blogger.
I have joined your feed and look forward to in the hunt for more of your excellent post.
Additionally, I have shared your website in my social networks
les spam sont délicieux
Now I am receiving again on target, and i Like Appreciate Really like obtaining back again into functioning (C210K) and want to lose weight for lida daidaihua diet pills teaching. I continue to make some silly food stuff options, but being energetic all over again is motivating me into a beneficial comments loop.
Easy Products In Cheap Nfl Jerseys Free Shipping SimplifiedPack thin, lightweight natural cotton underwear and socks that breath and won’t require as much drying time as heavier cottons or other fabrics. In summer weather clothing can dry out very quickly. In cooler damper months you might be running a radiator and that can double as a heat source for drying. Just be careful not to put wet things directly against radiators or electrical appliances and be careful, too, not to let wet items of clothing drip onto hotel room carpets. Wring clothes out well and keep them hanging in the shower until they no longer drip. Don’t use new brightly colored clothing items that might drip colored dyes that can stain bathroom floors, floor mats or carpets in hotels. A final word to the wise – Before you buy that second hand toy, ask questions of the seller. Do they know where the toy came from? Has it been checked against the federal recall list? If you cannot get answers, don’t buy the toy. Your child’s safety is at stake. However, if you are seeking used parts, you should always enquire if the provider has certain reputation in the market or not. The best people to gather information from are friends, colleagues, and owners of community businesses, who have dealt with such dealers while buying parts for themselves. If you’re traveling at a time or to a place where you’ll need rain gear, a thin fold-up plastic poncho or rain coat is the least onerous thing to take with you. It can go right into your pocket and can easily be whipped out in case of a sudden shower. For city travel it’s very easy to duck under awnings or into shops, making bulkier rain gear unnecessary. Sturdier rain gear or umbrellas are only needed for places where you expect serious rain or a lack of quick access to shelter. States taking part in the settlement are: Alabama, Alaska, Arkansas, Arizona, Colorado, Connecticut, Delaware, Florida, Hawaii, Idaho, Iowa, Kansas, Kentucky, Maryland, Michigan, Mississippi, Missouri, Montana, Nebraska, Nevada, New Jersey, New Mexico, New York, North Carolina, North Dakota, Ohio, Oklahoma, Oregon, Pennsylvania, Rhode Island, South Dakota, Tennessee, Texas, Vermont, Washington, West Virginia, and Wyoming. Replica soccer jerseys are made for all those soccer fans, who are crazy and like everything related to soccer. They would love to wear and cheer it. Wearing soccer jerseys is in-fact a popular trend now-a-days but buying an original one could be really expensive. Many soccer fans can’t afford originals. With replicas in the market, no more you need to spend a lot of money in buying soccer jerseys. While all the affected toys were pulled off shelves by December 2007, many of the toys may still be in circulation and could possibly resurface in communities around the country through backyard and garage sales or at thrift stores that are so popular in America. Cash strapped families often turn to second hand stores and garage sales to purchase toys because the price is right and because their children may only use the toys briefly. Kayaking is great for upper body muscles that include back, arms and stomach. It is a splendid sport to build stamina and endurance. Water sports including swimming are on top of the list of physical trainers as a fitness improving activity.
Wonderful blog! I found it while browsing on Yahoo News.
Do you have any suggestions on how to get listed in Yahoo News?
I’ve been trying for a while but I never seem to
get there! Appreciate it
Spot on with this write-up, I seriously think this amazing site needs much more attention. I’ll
probably be back again to read more, thanks for the advice!
After checking out a number of the blog articles on your web page,
I honestly like your technique of writing a blog. I added it to my
bookmark site list and will be checking back soon. Please
check out my website too and tell me your opinion.
I really like looking through an article that will make men and women think.
Also, thank you for permitting me to comment!
This website certainly has all of the info I needed
about this subject and didn’t know who to ask.
Right here is the perfect blog for anybody who wishes to understand this topic.
You understand a whole lot its almost hard to argue with
you (not that I really would want to…HaHa). You certainly put a
fresh spin on a topic that has been written about for ages.
Wonderful stuff, just great!
Fantastic website. Lots of helpful info here.
I’m sending it to several buddies ans also sharing
in delicious. And certainly, thanks on your effort!
Wonderful beat ! I wish to apprentice while you amend your website, how can i subscribe for
a blog web site? The account aided me a acceptable deal. I
had been tiny bit acquainted of this your broadcast provided bright clear idea